Mot de la rédaction, Mai 2022

Chers lecteurs,

Après un peu plus d’un an, nageant péniblement contre le courant de la fatigue pandémique, des débats entourant la liberté académique et de tout ce qui peut torpiller l’enthousiasme de la pensée en ces temps incertains, les scribes et autres humbles membres du comité de rédaction sont heureux d’enfin pouvoir vous offrir un 8e numéro de la revue Bios.

Pour une première fois, un professeur d’éducation physique participe à la revue Bios! Guy Bertrand nous propose une réflexion sur l’équité en évaluation, allant même jusqu’à proposer des modifications à la Politique institutionnelle d’évaluation des apprentissages (PIEA) du Collège de Bois-de-Boulogne.

Dans sa deuxième contribution à Bios, l’ex-boulonnais Christophe Facal, qui étudie maintenant la philosophie à l’université, nous offre, au travers une analyse de ce qui est probablement le plus célèbre des documentaires tournés par le cinéaste québécois Denys Arcand, une réflexion sur un peuple replié sur lui-même « qui après la défaite référendaire se laisse couler dans le confort et l’indifférence« .

Un émouvant poème sur la désolante situation en Syrie nous est offert par Ibrahim Moussa, étudiant en sciences de la nature. La corruption et la guerre sont la trame de fond de cette œuvre coup de poing qui est aussi un hymne à la grandeur et à la beauté de ce pays et des ses habitant.e.s.

C’est en s’affairant à imaginer quel châtiment recevrait Don Juan à la fin de la pièce de Molière que l’étudiante Nour Lahlou en est venue à ce joli portait d’un être qui ne pouvait espérer ni tempérance, ni indulgence au jugement dernier.

Nicolas Bourdon, professeur de littérature, nous revient en force avec une nouvelle à saveur romantique dans laquelle une étudiante en médecine est prête à tout sacrifier pour atteindre ses objectifs de carrière, quitte à être aveugle devant la beauté du monde.

Faisant la démonstration qu’un esprit classiciste peut très bien être infusé de passion anarchiste, Alexandre Cloutier nous propose une réflexion sur une éducation collégiale désormais menée par le grand projet d’éliminer la souffrance afin d’améliorer la « réussite » et le sentencieux « bien-être » des étudiants, réflexion s’inspirant à sa façon du célèbre essai Paideia de l’helléniste allemand Werner Jaeger.

Toujours préoccupé par la diffusion de la connaissance et la rationalisation de la société, Georges-Rémy Fortin dira d’emblée que « les progrès de la raison sont toujours fragiles ». Dans ce numéro, il réfléchit au tournant identitaire qu’ont pris les universitaires progressistes au milieu du XXe siècle et aux conséquences que ce tournant continue d’engendrer. Postulant « qu’une partie croissante de la lutte progressiste à l’intolérance semble se faire beaucoup plus sur le terrain de l’identité, soit celui des images, des discours, donc des représentations, que sur le terrain du réel économique, social et politique », il s’intéresse aux attaques que subissent les institutions traditionnelles du savoir aux mains d’un groupe hétérogène d’antagonistes fédérés par une opposition résolument fanatique à la science.

Enfin, dans un texte qui se déploie dans un espace théorique où la philosophie de l’éducation croise la politique de l’identité, – un texte qui se permet de citer autant le chauffeur de taxi Travis Bickle que le philosophe John Dewey et l’auteure féministe bell hooks – Richard Vaillancourt réfléchit à la dimension éthique et politique entourant un ensemble de pratiques pédagogiques (traumavertissements, espaces sécuritaires, appels à la censure, etc.), de plus en plus répandues dans les salles de cours au Québec, visant à adapter l’enseignement à ce qu’on pourrait laconiquement appeler la « sensibilité » des étudiants.

Bonne lecture,

Le comité de rédaction

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